Par-delà les bois de l'Eveil, au fin fond de la lande du Reverbère, tout à fait à l'Ouest des Trois Cascades à l'Envers, se trouve un pont. Un pont en bois, tout à fait banal, surplombant l'une des nombreuses dérivations de la seconde rivière. Il est moche comme pont, d'ailleurs ; vermoulu et menaçant de céder à chaque pas que l'on ose y faire, si seulement on arrive jusque-là.. Car ce pont n'est pas gouverné par n'importe qui.
Là, assis sur la rambarde branlante, un petit être verdâtre attend son heure. Ou la vôtre. En fait, il attend que quelqu'un se pointe. Là, on comprend pourquoi l'ensemble des habitants du pays imaginaire lui a donné le surnom de "Lutin Grognon".
Ce lutin est connu d'à peu près tout le monde, ne serait-ce que part les rumeurs qui circulent à son sujet. On dit qu'il aurait toujours été là, à garder ce pont, depuis la création de Neverland. On dit aussi que chaque soir il serait tapis dans l'ombre, aux abords du village indien, pour mater les jolies indigènes qui offrent leurs corps à mère nature.. Personne n'a jamais pu prouver cette dernière information, mais il est vrai qu'on entend souvent des petits crachotements sortir des sous-bois quand il y a des femmes nues à proximité.
Une chose est pourtant sûre : le lutin garde son pont. Férocement.
Tiens, justement, voilà quelqu'un. Un satyre qui gambade joyeusement le long du sentier en chantant le dernier tube à la mode (une chanson des Majestic Bathroom, cela va sans dire.) Il compte apporter des champignons hallucinogènes à sa grand-mère qui est sur le point de crever d'une MST purullante, et est obligé de traverser le pont du lutin, car c'est bien connu, les satyres n'aiment pas l'eau. Ca lui enlèverait son odeur de bouc, et il pourrait plus draguer les chèvres des environs.
Fürher, puisque c'est son nom, saute au bas de sa rambarde. Grâce à ses oreilles allongées hyper-sensitives, il a entendu le satyre venir de loin, et il a eu le temps de préparer tout un tas d'insultes et de menaces dans un coin de sa vieille tête frippée.
SATYRE : ".. alors j'ai pris le tournevis et paf, paf ! Dans le cul du troll-euh.."
FÜRHER : "ARTUNG !"
Le satyre relève la tête et reste comme deux ronds de flan.
SATYRE : "Ca alors ! Vous existez vraiment ! Quand mamie saura ça.."
FÜRHER : "ARH ARH ARH !" (C'est un rire effrayant, à la limite entre la toux de cancéreux et le raclement d'une chaise sur du carrelage. L'effet est immédiat : le satyre sent tous ses poils se hérisser sur la partie basse de son anatomie.) "J'existais bien avant toi ! J'ai connu ta grand-mère, je l'ai gehobelt wie eine Hündin !"
Personne ne sait pourquoi, mais le lutin grognon a l'habitude d'insulter les gens et de proférer des insanités en allemand. Certains disent qu'il fut un jour torturé par les pirates et qu'il en garda de graves séquelles. D'autres qu'il fut violé par une horde de fées, durant sa folle jeunesse de lutin lover.
Le satyre est bien ennuyé. Le nabot vert d'au moins 80 centimètres de haut représente un obstacle de poids ; après tout il n'a que ses sabots et ses cornes pour se défendre, le pauvre innocent.
SATYRE : "Pardonnez-moi, Monsieur, mais.. Il faut vraiment que j'aille de l'autre côté !"
FÜRHER : "ARH ARH ! Naïf tu es.. Une énigme, je avoir pour toi.."
SATYRE : "Vas-y m'sieur, comment tu parles là !"
FÜRHER : "Hm oui pardon, je ne sais pas ce qui m'a pris."
SATYRE : "Ouesh tu m'as fais penser à.."
FÜRHER : "Den Mund halten ! Si tu veux traverser, il faudra répondre à cette énigme : qu'est-ce qui est PETIT... et MARRON ?"
Le satyre se gratta la barbe. Apparement, les rumeurs étaient vraies, ce satané lutin obligeait les passants à répondre à ses énigmes pourries pour pouvoir traverser.
SATYRE : "Fichtre alors ! Je n'en ai aucune idée."
FÜRHER : "Con tu es. Maintenant dégage, j'ai d'autres sirènes à fouetter."
Le satyre s'en retourna, dépité et obligé de faire le tour complet de l'île pour pouvoir se rendre chez sa grand-mère, qui du coup avait toutes les chances du monde de mourir dans d'atroces souffrances avant son arrivée. En fait, ce n'est qu'à quarante-quatre kilomètres de là qu'il compris que la réponse était "Un marron".
♣ Je suis un Outsider.(le toi le vrai)